Il est temps que ma semaine se termine, sans quoi je pense que je vais finir par perdre le sommeil. Hier soir, j’ai commencé Il faudra repartir de Nicolas Bouvier, mais je me suis endormi dessus et ce matin, je me suis levé plus tard, j’ai gratté une heure pour avoir l’esprit un peu clair. Je devrais peut-être faire des intermédiaires, lire des petits livres.

Je n’ai pas de séquence ce matin et du coup, je suis réquisitionné pour faire passer des entretiens avec ma collègue à plusieurs stagiaires. Je me demande parfois jusqu’à quel point je sais être objectif à propos de certains d’entre eux. Comme je disais à ma responsable hier, on ne peut jamais tout anticiper, car il y a toujours le cœur et la raison.

14h23 : Finalement, pas d’entretiens ce matin. J’ai donc eu pas mal de temps pour finir le fichier des stats et d’autres choses qui trainaient sur le coin du bureau. Abdallah est venu avec son sourire et son énergie qui font un bien fou. Tigran est venu avec ses doutes et ses questions, en me demandant si je pensais qu’il était capable de passer sa capacité en droit. J’ai tout de même passé 45 minutes à le rassurer. Yenrick passe ses entretiens la semaine prochaine. Enfin !

Je suis passé ce midi au Grand Cercle et je suis revenu avec des bouquins, un Depardon sur l’Abyssinie… J’ai eu envie de relire du Murakami aussi, mais j’ai comme été pris d’un vertige, certainement à cause de la fatigue et je pense que cela m’a trop rapproché d’une période un peu douloureuse pour moi ; j’ai reposé le livre que j’avais en main. Pendant longtemps, j’ai crû être déprimé, mais c’était de la fatigue, j’en suis certain aujourd’hui.

Je me suis permis aussi de passer au resto libanais pour me prendre des mezze, tabouleh et salade de gombos, avec un petit katayef en dessert, comme ça l’air de rien. Il va falloir que je dorme cet après-midi si je ne veux pas sombrer.

J’ai commencé ce matin à lire Istanbul d’Orhan Pamuk. Oui, encore lui, encore Istanbul, ça peut lasser mais pas moi. Je n’ai réussi à lire que quelques lignes, le regard un peu vague, mes pensées vagabondes, le sommeil encore un peu présent. J’ai du mal à trouver l’espace nécessaire dans le temps pour faire tout ce que j’aimerais faire et plus ça m’arrive, plus je déprime, et la déprime ma fatigue, ce qui me déprime.

J’ai passé un long — pas assez long — moment à discuter avec Souad. Elle m’a raconté d’où elle venait, son impossibilité à se concentrer, ses « mauvaises idées », la vie qu’elle a fui, les doutes qui l’assaillent, la volonté qu’elle a de faire des études, pas pour les bonnes raisons me semble-t-il. Et puis Jonathan qui revient avec le sourire. Il était dans une profonde déprime suite à son dernier stage qui lui a brisé son avenir, enfin, à ce qu’il dit. J’étais venu à m’en épuiser à force tous les jours de tenter de le réconforter et de la voir enfoncé jusqu’au cou dans sa déprime. J’ai pris du temps pour lui, je l’ai écouté, et je crois que j’ai absorbé pas mal.

J’attends de bonnes nouvelles pour mes stagiaires ces prochains jours. Deux d’entre eux vont partir en formation. Une certain, l’autre pas sûr, mais s’il a raté ses tests je l’étripe. Je pense que ma journée va être un peu compliquée.

Rien ne sort pour l’instant, je n’arrive pas à me poser dans le calme pour écrire mes carnets de voyage et ça aussi ça m’angoisse. Les jours vont passer, les souvenirs et les impressions s’envoler, et les voyages recommencer…

Jonathan a retrouvé le sourire, il est redevenu lui-même et j’aime à penser que j’y suis pour quelque chose. Il redevient le zébulon qu’il était avant de partir en stage. Tigran est passé ce soir, prendre 3/4 d’heure de son temps pour un mini-cours d’histoire contemporaine, ce que j’ai pris du plaisir à faire. Marjorie absente de stage pour examens médicaux et Delphine qui vient quand elle veut. Yenrick, lui, est toujours dans l’attente de ses résultats. Bizarre que ça ne se décoince pas… La journée a été longue et j’ai quand-même réussi à débloquer la situation pour refaire le site internet de l’association. Il va falloir se remettre au boulot.

Toujours pas de nouvelles du frangin, les choses vont peut-être se débloquer pour lui sous peu, s’il répond au téléphone.

J’aime bien le mercredi matin. Je dis ça sans savoir pourquoi.
En quelques dizaines de minutes j’ai terminé les pages d’un livre commencé l’hiver dernier : Winter de Rick Bass. Très joli texte sur l’isolement, la vie dans les recoins des Etats-Unis lors de l’hiver rigoureux d’un écrivain, sur l’éveil de la nature au travers des yeux d’un gars du sud. Je ressors du livre complètement gelé, à moins qu’il ne fasse réellement froid dans la pièce, du coup je me refais un café très fort. Dehors il pleut. La vie court au ralenti.

Je crois que j’ai encore blindé mon planning pour la matinée et je pense qu’une fois de plus je n’aurais pas le temps de faire la moitié de ce que j’avais prévu de faire. Pas grave. Je suis heureux comme ça. Activité prévue pour ce matin, supports de cours. Vérifier le dernier que j’ai introduit dans la grille, quelques petites choses ne vont pas. Créer un support sous forme de QCM pour le Cambodge. Toc.

Gonflé à bloc pour cette journée.

9h40 : Non non non, je ne suis pas en fait pas dans de bonnes dispositions aujourd’hui… Je ne sais pas pourquoi mais plus ça va, plus je m’interroge sur les rapports de pouvoir au sein de mon association. Sans me dire que je ne comprends pas, je dirais plutôt que j’apprends. J’apprends que c’est un exercice solitaire, solitaire et politique. Politique, donc compliqué.