Archive for March, 2013

Dimanche 17

Mar 17 2013 Published by under Uncategorized

La lumière du matin resplendit timidement dans des couleurs de terre, froide inspiration dans un air pur. J’ai pris l’habitude de me lever tôt et d’aller respirer l’air, les effluves du dehors avant de commencer toute chose. On y voit et on y sent des choses qu’on ne peut sentir à aucun autre moment de la journée. J’aime ce moment de solitude et de silence qui rapproche de soi et qui fait commencer les journées de manière si agréable.
Longtemps, je me suis couché tard et je n’en vois plus aujourd’hui l’intérêt. Le soir ne fait que traîner et allonger une journée qui s’étire sans fin. Je n’arrive plus à lire le soir, je m’endors au bout de deux pages, alors je décale mes journées et je les commence plus tôt. Un bon matin est l’assurance d’une bonne journée.

On the Danube above the town of Melk

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Samedi 16

Mar 16 2013 Published by under Uncategorized

Voici trois jours que je n’arrive pas à me reposer et que je me lève à des heures indécentes le matin. 4h30 avant-hier, 3h30 hier, 4h30 ce matin avec un répit de deux heures parce que je me suis forcé à rester au lit. Je me sens complètement décalé, que ce soit en ce qui concerne les horaires, mais en ce qui concerne le rythme de vie également. Je me sens à nouveau propulsé dans un tourbillon qui me dépasse et dans lequel finalement, j’ai peut-être un peu de mal à trouver ma place.
Depuis que je suis réveillé ce matin, j’entends au-dessus de ma tête les avions qui accélèrent dans le couloir aérien, avec ce bruit long caractéristique, plaintif, langoureux, de grosse bête poussive et mes pensées se perdent dans les halls immenses et climatisés des aéroports internationaux. Je pense que je pourrais très bien passer ma vie en transit, à arpenter les salles d’attente et les portes d’embarquement, les stands d’enregistrement, les check-in en ligne qui facilitent pas mal la vie, les bagages à peser, à ranger, à ne plus savoir dans quelle poche j’ai rangé mon passeport et ma carte d’embarquement, à regarder les indications sur les panneaux des départs, à espérer et à prier le dieu des aiguilleurs du ciel qu’il n’y ait pas d’annulation de vol et que tout se passe bien au moment de l’atterrissage. Le tarmac, les hôtesses, les adorables comme les désagréables, les repas qui tiennent savamment dans l’espace restreint du plateau qui lui-même ne dépasse pas de la tablette du siège que le voisin allonge au moment où vous vous servez de l’eau dans votre gobelet en plastique et qui vole en éclat au moment où le rebord compresse le bord du godet… Crac… La queue aux toilettes, les gens qui marchent dans les allées pour se dégourdir les jambes, celle qui campe devant les toilettes parce qu’elle a le mal de l’air, la course dans l’aérogare parce que comme votre vol a du retard vous devez attraper votre correspondance au pas de course, le portique qui sonne alors que vous êtes quasiment à poil, la ceinture dans le bac sur le tapis roulant et les chaussures à la main… Presque à poil devant des agents de sureté mal aimables… Les joies du transport aérien.

Travelling The World For A While

Je suis à peine revenu que déjà je me vois repartir, reprendre mon envol vers d’autres terres que déjà je compulse depuis mon atlas, depuis les cartes qui ne quittent pas mon esprit. Je me sens en bien ce moment, toujours dans cet entre-deux de l’incertitude, ma vie n’est presque plus que l’attente constante d’un nouveau départ, perdu en transit ici, dans ma nouvelle vie. Vous voyez ce sourire sur mes lèvres ?
Et puis si j’ai l’air d’avoir les fesses si blanches, c’est parce que je suis vraiment très bronzé…

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Vendredi 15

Mar 15 2013 Published by under Uncategorized

C’est comme une ritournelle, quelque chose qui chante dans la tête et une question qui reste. On en est où du silence ? Le silence, c’est ce qui me remplit lorsque je mets un genou à terre et que je me laisse remplir par la félicité du monde, par le chant des objets, par la douce musique des mots ou des images. Je me rends compte que plus les jours passent, plus je me laisse emplir par les joies simples et libératrices qui naissent de ces tranches de bonheur succinctes, mais réelles, tangibles, des joies sans prétentions. Il est question de silence lorsque plus rien ne bouge, que tout se tait aux alentours, que tout se tasse, que tout se repose de lui-même, que le tout se libère volontairement de ses scories, que l’ombre reste derrière et se tait ; je regarde la haine déferler, la rancœur s’exercer, mais je suis dans une posture simple et douce ; le nécessaire silence. Le silence fait taire tout le reste, il épuise l’aigreur, il met en lumière l’imbécile lourdeur de ce qui fâche, la fait s’éteindre d’elle-même, réduite à néant.

A genoux dans la salle du Temple de l’Aube, je regardais les Thaïs du coin poser leurs deux genoux devant l’estrade où le moine les bénissait avec son faisceau de roseaux trempé dans l’eau en récitant quelques mots simples qui résonnaient en moi comme des montagnes de douceur ; alors je me suis approché, rampant jusqu’à lui dans une posture de complète dévotion et j’ai déposé un don dans la coupelle, j’ai joint les mains et j’ai baissé la tête pour qu’il me bénisse. Son sourire bienveillant comme le sourire du Bouddha m’a rempli le cœur d’une joie douce. Dans son homélie prononcée de sa voix basse et monocorde, j’ai entendu qu’il y a mêlé les mots « good luck ». Il m’a demandé de tendre la main droite, paume vers le haut, et il y a noué un bracelet blanc en laine tressée, un symbole fort d’unité avec le monde, avec la foi, avec Bouddha, en prononçant encore d’autres paroles. Je lui ai adressé un wai rapide et j’ai reculé de telle sorte à ne pas lui tourner le dos, et je suis sorti du temple.
Un jour, le bracelet se brisera et il faudra que je le conserve comme souvenir de ce moment-là.
Touché par la lumière de l’Islam, touché par la lumière du Bouddhisme, le tout en quelques mois.
Je me suis dit qu’en tant que baptisé catholique, je n’aurais pas dû faire cela, mais pour moi, et cela de manière simple et sans arrogance, c’était une façon de renier définitivement mon ancienne religion, d’en laisser les oripeaux derrière moi, d’en abandonner pour toujours tout ce qui en fait une religion injuste, culpabilisatrice, appauvrissante, fondamentalement oppressante et obscure. Désormais, je suis du côté de la lumière, sans religion et sans foi, simplement dans le silence et la contemplation de ce qui me permet de s’ouvrir, sans plus regarder ce qui se trouve dans l’ombre, sans plus m’attarder sur ce qui m’empêchait d’avancer.
Le nécessaire silence.

Aube

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