Archive for April, 2013

#48

Apr 09 2013 Published by under Uncategorized

Deerstone engraved by shamans

Photo © Franck Zecchin

Au lever, j’entends un crépitement que je n’ai pas l’habitude d’entendre ; la pluie bat contre la vitre de toute ses forces, tellement fort que je me demande ce qui se passe. Le vent a forci dans la nuit.
Je rentre éreinté, la journée a été compliquée ; certaines choses qui ont été soulevées cet après-midi sont difficiles à assimiler. J’ai parfois l’impression de manquer de recul et j’ai du mal à faire ce petit pas de côté qui permet, à un moment donné, de prendre de la distance. Regarder de loin une pratique de travailleur social est toujours un moment un peu compliqué dans lequel on se trouve aspiré par une spirale dans laquelle, nécessairement, entre la dimension de l’affect. L’objet est impossible à discerner si on l’extrait seul, mais tout aussi impossible si on ne le met pas à distance des problématiques périphériques.

J’ai commencé une fresque avec des statues que j’ai croquées dans le temple de Wat Pho et dont j’ai terminé le dessin. A présent, il faut que j’applique la couleur, mais l’angoisse de ne pas maîtriser totalement ma technique me fait peur de tout gâcher. Je dois me lancer.

Les héros ne sont qu’une invention des poètes. Et les poètes sont des hommes, chamans parfois, qui se préparent à invoquer les esprits entourés par des blocs de pierre anciens.

Wu Ming 4, L’étoile du matin
Editions Métailié

J’ai terminé ce matin L’étoile du matin. C’était un beau livre, un très beau livre. Une belle grande histoire.

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#47

Apr 08 2013 Published by under Uncategorized

L’étoile du matin est presque terminée. J’ai pris mon temps pour lire ce livre. Une réelle belle épopée qui m’a donné envie de me replonger dans la lecture des Sept piliers de la sagesse (Seven pilars of Wisdom) de T.-E. Lawrence, puisque l’histoire de Wu Ming 4 est précisément l’histoire romancée, fantasmée ou non de Lawrence. Une histoire, qui comme il le dit, est née de mots qui peuvent donner réalité à l’histoire. C’est tout le charme de la poétique.
Le sable et les guerres, les dromadaires et les Howeytats dans l’air glacial des matins du désert, c’est comme un parfum de scandale ineffaçable. Mais j’ai décidé de faire une pause et de lire quelque chose de plus court, de moins “épopée” — j’aimais bien quand on disait ce mot-là. J’ai sorti un petit livre de Blaise Cendrars sur le Brésil. Je ne sais pas ce que c’est, mais je vais me laisser porter.

Les raisons politiques s’évanouissaient et les mobiles personnels, mes sentiments profonds, étaient enterrés dans le désert.

Wu Ming 4, L’étoile du matin
Editions Métailié

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#46

Apr 07 2013 Published by under Uncategorized

Il faut repartir à présent, s’occuper la tête, ne pas baisser les bras. Encore 14 jours de Turquie à traiter, je n’en vois pas le bout. Je me rends compte à quel point j’ai pris énormément de photos. Je me souviens que quand j’étais en voyage étant jeune, je me demandais comment les gens pouvaient profiter de leur voyage et mitraillant à tout bout de champ et en filmant sans cesse leur voyage et maintenant que je suis là, je passe quand-même pas mal de temps à ça. Pour autant est-ce que ça m’empêche de profiter ? Non je ne crois pas. Et quelle est la valeur de la photo dans tout ça ? Du petit film de voyage ?

Minaret of Qayt Bey, The Great Umayyed Mosque of Damascus, Syria

Minaret de la Grande Mosquée Omeyyade de Damas, Syrie
Photo © James Gordon

Ces outils qui ressortent du voyage n’ont en rien une valeur prolongatrice du voyage, ce n’en est pas un appendice, mais bien plutôt le support d’un partage qui se fait de manière douce et posée. Les photos de voyage, ce n’est pas fait pour les coincer dans des albums qu’on colle sur les genoux de ses amis lors d’une soirée prévue à cet effet. Ce n’est qu’un instrument de partage qu’on laisse sur le bord de la table pour qui veut ; je déteste qu’on me coince pour regarder des photos de voyage, alors je ne peux pas faire ça.
Les photos vivent en moi, pas à l’extérieur de moi. Ce ne sont que de fugaces moments de jouissance visuelle qui finisse par s’évanouir et que l’on fait revivre de temps en temps. Mais tout ceci est porté par le souvenir, à l’intérieur. Elles ont ce pouvoir magique de faire durer le plaisir, de le susciter à nouveau parfois, juste le temps de se souvenir d’un moment de bonheur…

Le mauvais temps semble s’évanouir, le temps se réchauffe doucement après la neige de cette semaine ; il est probable que le printemps finisse par arriver. En tout cas, les tourterelles sont bel et bien là et l’air s’emplit déjà de leur long roucoulement.

Robert aurait qualifié ce printemps d’omnipotent. Comme tous les printemps, du reste, qui semblent toujours uniques.

Wu Ming 4, L’étoile du matin
Editions Métailié

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