Ce matin, le goût des choses simples s’impose à moi et je me montre particulièrement attentif aux moindres détails qui me cernent : le motif doucereux d’un marque-page qui me suit dans tous mes déplacements livresques, un motif de tulipes ottomanes blanches et bleues brodé sur une fine bande de tissu, les pédoncules racornis de tomate cerise que j’ai grignotées hier soir, jetés nonchalamment sur la table, l’odeur encore un peu âcre du thé froid dans son bain macéré, celle un peu plus douce du papier imprimé sous mes doigts… La fatigue m’a quelque peu quitté, je me sens bien ce matin et la couleur du ciel annonce que je n’ai plus de souci à me faire pour quelques jours. Je vais faire un tour sur la terrasse dont la température n’est pratiquement pas redescendue dans la nuit ; il fait un temps de canicule au petit matin, mais qui aurait l’heur de s’en plaindre après une année d’automne…

Photo © Darwin Bell
Je n’aime pas tellement le jaune effronté du forsythia malingre qui pousse contre le mur nord de la cour. En revanche, j’aime sa traduction littérale (Ying Chun Hua) : « Fleurs qui souhaitent la bienvenue au printemps. »
Vincent Hein, L’arbre à singes
Carnets d’Asie
Denoël, 2012
Cette semaine l’emploi du temps est… estival. Aujourd’hui visite du musée du Quai Branly, demain rentrée le matin, déjeuner avec l’ESSEC le midi, visite du Musée d’art et d’histoire du judaïsme, mercredi rencontre avec l’EPIDE de Margny-lès-Compiègne, jeudi RTT pour aller au Louvre (cette fois-ci, je ne me suis pas gouré dans les jours). En gros, je risque de travailler un peu… vendredi matin. Sur le fronton de notre école : trouve le métier qu’il te faut et tu n’auras plus besoin de travailler un seul jour de ta vie…
Nous sommes le 7 juillet. Dans un mois, c’est les vacances. Je pars le 2 août jusqu’au 27. A présent, si j’anticipe un peu, je me pose la question, comme tous les ans à cette époque, en septembre, je fais quoi maintenant ? Je fais quoi en septembre ? J’attends quoi et qu’est ce que je suis encore prêt à laisser passer. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai très envie d’apprendre l’arabe ou le persan, envie de continuer à apprendre le turc, envie de terminer mon master… Bon OK, et après le master, je fais quoi ? Si tout va bien, en décembre je suis diplômé. Janvier, je fais quoi ? J’attends ? J’entame un master 2 recherche ? Je réseaute ? Je cherche quelque chose d’autre ou alors j’attends que quelque chose me tombe tout cuit dans le bec, ce qui 1 – risque peut-être de ne pas arriver, 2 – risque d’être un peu délétère si quelqu’un me passe devant. J’ai l’impression d’en être au point mort parce que je n’arrive pas à me saisir de ce qui se passe et je porte sans cesse mes désirs vers ce que je ne peux pas atteindre, ce qui est incroyablement frustrant. Point mort. J’ai l’impression de ne plus rien savoir.
Très prochainement, je parlerai de mes projets thaïlandais, de ce qu’il s’y passera… Je crois que j’ai encore du mal à concevoir un récit, à m’y mettre.

Photo © Giuliano Maiolini
Déjà terminé le livre de Jean-Christophe Rufin, Sept histoires qui reviennent de loin, et je viens juste de commencer les premières pages du très beau livre de Vincent Hein, L’arbre à singes, carnets d’Asie. Je ne sais pas si ça me rend heureux pour autant. En fait, je ne sais pas ce qui pourrait me rendre heureux.
Parlez-moi de la brume et des formes étranges de l’arbre à singes…
Vincent Hein, L’arbre à singes
Carnets d’Asie
Denoël, 2012
Depuis quelques jours, je suis en train de séparer des fichiers APE à l’aide de fichiers CUE. En essayant de comprendre comment ça marchait, je me suis rendu compte que tout ceci avait quelque chose d’assez poétique et de beau en soi. L’un des fichiers, le CUE, écrit au format texte, détermine les plages en fonction de leur durée en lui appliquant un certain nombre de paramètres qui seront repris dans le nom du fichier APE découpé. Le tout est hiérarchisé avec des tabulations dans le fichier, lesquelles hiérarchies déterminent la place de l’information. Je trouve ça assez magique. Simple, mais magique.
Cette semaine à l’université, les bergers ont sorti les moutons, qui sont allés se balader sur les pelouses de l’université ; ils vaquaient paisiblement dans le dos de l’intervenante, transformant un journée passionnante consacrée à la psychosociologie des organisations et des institutions (pffff) en un doux moment de rêverie. Une fille était en train de discuter avec un des agents de sécurité, et se retournant, elle est tombée nez à nez avec un de ces animaux, ce qui lui a procuré un sentiment d’effroi qu’elle a exprimé par un cri qui a dû s’entendre dans toutes les universités parisiennes.

Photo © Eduardo Amorim
Aujourd’hui, ça ne va pas trop, je me sens fatigué. Je me demande ce qui se passe, peut-être un excès de thé ces derniers jours, ou alors trop de tout en même temps. Pas de cours ce matin, je bosse à la maison.
— et debout sur la tranche éclatante du jour, au seuil d’un grand pays plus chaste que la mort,
les filles urinaient en écartant la toile peinte de leur robe.
Saint-John Perse, Anabase
In Œuvres complètes,
Gallimard NRF, Pléiade
Liste musicale du jour :
- Anthologie de la musique espagnole, Jordi Savall, 1993
- A Musical Banquet – Schein, Scheidt, Gabrieli – Hesperion XX
Ce soir déjà, comme un petit air de vacances, dernier jour pour mon fils, dernier jour de CM1.