#48
Photo © Franck Zecchin
Au lever, j’entends un crépitement que je n’ai pas l’habitude d’entendre ; la pluie bat contre la vitre de toute ses forces, tellement fort que je me demande ce qui se passe. Le vent a forci dans la nuit.
Je rentre éreinté, la journée a été compliquée ; certaines choses qui ont été soulevées cet après-midi sont difficiles à assimiler. J’ai parfois l’impression de manquer de recul et j’ai du mal à faire ce petit pas de côté qui permet, à un moment donné, de prendre de la distance. Regarder de loin une pratique de travailleur social est toujours un moment un peu compliqué dans lequel on se trouve aspiré par une spirale dans laquelle, nécessairement, entre la dimension de l’affect. L’objet est impossible à discerner si on l’extrait seul, mais tout aussi impossible si on ne le met pas à distance des problématiques périphériques.
J’ai commencé une fresque avec des statues que j’ai croquées dans le temple de Wat Pho et dont j’ai terminé le dessin. A présent, il faut que j’applique la couleur, mais l’angoisse de ne pas maîtriser totalement ma technique me fait peur de tout gâcher. Je dois me lancer.
Les héros ne sont qu’une invention des poètes. Et les poètes sont des hommes, chamans parfois, qui se préparent à invoquer les esprits entourés par des blocs de pierre anciens.
Wu Ming 4, L’étoile du matin
Editions Métailié
J’ai terminé ce matin L’étoile du matin. C’était un beau livre, un très beau livre. Une belle grande histoire.