Archive for the 'Uncategorized' Category

#53

Apr 13 2013 Published by under Uncategorized

Les radios sont plutôt rassurantes, pas d’usure des os, pas de déformations, le médecin trouve que j’ai plutôt de jolis genoux, surtout à l’intérieur. J’ai passé l’après-midi anxieux ; en revenant du boulot, j’ai lu un peu et je me suis endormi et réveillé juste à temps pour filer à la clinique, où j’ai été reçu par une jeune fille brune aux cheveux longs attachés strictement, la peau très blanche, un parfum musqué, qui m’a demandé d’enlever mon pantalon dans la cabine ; ça fait toujours un drôle d’effet, mais si c’est un ordre, je m’exécute. On est ensuite venu me chercher, pas la jeune fille en tunique verte, mais une femme sèche aux jambes arquées, une cinquantaine d’années qui donne envie de se rhabiller, devant qui je me suis mis dans des positions absurdes, pour ne pas dire humiliantes. De retour dans la salle d’attente, j’ai poireauté une heure avant que mes résultats ne sortent. Comme je sais qu’un médecin doit passer pour donner le résultat, c’est toujours un moment d’angoisse, et là on se dit « ça y est, il vont découvrir un truc jamais vu, ils vont faire venir un grand spécialiste de Chicago pour voir ça tellement c’est fou, non mais regardez là c’est quoi ce truc ?! ». Froussard hypocondriaque.

genou

Tout va bien pour l’instant, je dois me contenter de prendre mes anti-inflammatoires et de dix séances de kiné pour remettre tout ça d’équerre. Je vais me ménager, week-end sans marcher, je m’en voudrais de passer mes vacances à la terrasse d’un café à ne pas bouger mon cul.

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#52

Apr 12 2013 Published by under Uncategorized

Mustafa Pasha YamulkiJe n’ai rien dit du genou, celui qui me fait souffrir depuis une semaine, souvenir de Cappadoce, et qui m’a fait ressembler à un pauvre hère toute la journée, moral en berne. Le médecin l’a regardé et écouté craquer avec un air maussade pas très rassurant. Rotule qui n’est pas dans sa gouttière. Pas seulement celui-ci, l’autre aussi. Radio et on verra, je ne peux pas me prononcer. Air sombre. Anti-inflammatoires. Ce matin, je peux marcher sans boitiller, on verra bien ce que ça donne. La perspective de passer mon après-midi à la clinique me ravit. J’emmènerai de quoi lire.

Les jours passent, le départ approche et je n’ai pas encore d’hôtel pour la Cappadoce mais je vais trouver ; la période est fréquentée (la haute saison ?) et les prix flambent, je vais me rabattre sur du bas de gamme, Mustafapaşa trop cher, j’irai certainement m’enterrer à Çavuşin, ce qui me va plutôt bien, à deux pas des vallées, dans le désert de roches friables, dans le tuf.

Ça va pas mal, cela s’étoffe, le ton se trouve, mais éviter que cela s’estompe, il faut vraiment nourrir ce livre des petits événements quotidiens, des calories et vitamines à disposition, et lui faire à force de fort amour des arêtes un peu coupantes.

Nicolas Bouvier, Il faudra repartir
France, 1958,
à propos de L’usage du monde en préparation
Éditions Payot

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#51

Apr 11 2013 Published by under Uncategorized

10h24
Argenteuil pour une journée de travail dans cette autre école.
J’ai pris le temps d’arriver en passant par Sannois, puis par le vieux quartier d’Orgemont où j’ai habité un an en 1996. En fait, je me dis que je regrette vraiment cette époque. Mon déménagement aux Coteaux a été le début des emmerdes. J’ai retrouvé mon ancien appartement qui a été revendu et duquel je n’aurais jamais dû bouger, j’y étais bien, malgré ses 27 m² et l’humidité qui bouffait le mur. La disposition était optimale et le balcon suffisamment grand pour que je puisse mettre une petite table et une chaise que les balconnières pleines de pétunias odorants cachaient de la vue de la rue.
Ce quartier complètement enclavé n’est accessible que par deux côtés, c’est une sorte de forteresse au pied du moulin d’Orgemont, un village dans la ville ; on y trouve des maisons en meulière ramassées les unes sur les autres, des maisons basses séparées par des jardins encaissés. Je me sens nostalgique de cette époque qui aurait pu bien tourner.

Conseil municipal d'Argenteuil - 1935

Les choses ne changent pas dans la rue Paul Vaillant-Couturier ; le petit restaurant Don Peppone est toujours là avec son patron qui me fait penser au patron mafieux dans Léon, on y trouve des escalopes milanaises simplement divines. Il y a un restaurant rapide tenu par deux frères où l’on trouve des kebabs juteux. Rien de change vraiment, si ce n’est que le salon de coiffure qui se trouvait juste en bas de l’école est devenu un salon de beauté… pour femmes voilées. Je pensais à une blague mais non, c’est tout ce qu’il y a de plus sérieux.
Fondamentalement, j’aime Argenteuil. Je trouve cette ville accueillante, chaleureuse. Je reviendrai peut-être un jour à Argenteuil.

Je suis assis à la table de la salle de réunion ; un type dans la maison d’en face, façade jaune et volets verts, lit son journal depuis ce matin près de la fenêtre ; j’aime ce doux chant de la vie qui prend son temps derrière les rideaux.

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