J’avais dit que je ne travaillerai jamais dans le social. Regarde quel est mon métier aujourd’hui.
J’avais dit aussi que je n’aurai jamais besoin de faire un régime. La réalité et l’âge font que j’ai dû m’y mettre.
J’avais aussi dit que le sport, ce n’était pas pour moi. Je fais du vélo trois fois par semaine et j’ose à peine dire que j’y prends un vrai plaisir, que c’est presque devenu pour moi une nécessité. Un moment de calme et de solitude pendant lequel je peux me remettre à plat et faire de la place dans mon esprit.

Photo © Fabio Gismondi
La lecture est comme un sport. Je me suis rendu compte qu’il fallait un petit temps pour rentrer dans le texte, que je ne pouvais pas m’y plonger d’un seul coup et surtout qu’il me fallait du calme. Le matin est un moment parfait pour cela. Le calme et le soleil levant sont mes alliés dans la lecture. Je ne supporte pas la musique, ni le bruit lorsque je lis. Une fois lancé, rien ne peut m’arrêter d’autre que l’heure de me préparer.
Je viens de commencer Siddhartha de Hermann Hesse, une lecture bienfaisante, douce, qu’il fallait que je lise depuis des années. Ce matin, j’ai dû me faire violence pour arrêter.
« Oui, pensait-il, en se tenant debout, la tête baissée, que resterait-il de tout ce qui paraissait sacré à nos yeux ? Que reste-t-il ? Qu’est-ce qui résiste à l’épreuve ? » Et il secoua la tête.
Hermann Hesse, Siddhartha
Editions Bernard Grasset, 1925
Traduit de l’allemand par Joseph Delage
Hier soir, j’ai fait du vélo à Beauchamp, une ville que j’aime beaucoup, dans laquelle il y a un tout petit centre ville et très peu de commerçants. La ville est pleine de grandes maisons bourgeoises construites sur des terrains immenses, plantés de chênes verts et de pins et pour toutes ces raisons, la ville ressemble à une ville de villégiature du bord de mer sur la côte Atlantique. Ses rues sont calmes et larges, il y a peu de passage. Aux abords de la ville, près de la forêt, on trouve un stade immense, un cimetière et des barres de HLM parquant ici toute la misère de la ville. A l’heure chaude de la fin de journée, quelques vieux étaient assis sur un banc tourné vers le stade désert, le cimetière dans le dos. J’ai réussi à m’y perdre, rallongeant passablement le temps que je m’étais imparti.
Ce matin, en arrivant au travail, un vieil homme avait posé son vélo au bord de la route, juste à l’entrée du parc, et regardait les voitures passer, assis sur un fauteuil qu’il devait avoir transporté avec lui.