#98

Jul 02 2013

Aujourd’hui séminaire avec toutes les écoles d’Île-de-France. Intervenant Jean-Paul Meyer de l’université de Strasbourg. Du coup, je loupe une journée de fac avec Schaller. Dommage mais bon, je suis réquisitionné. Mon directeur d’article m’a bien fait rire en commentant mon projet de titre d’article ; il me propose qu’on se voit le 11 septembre… à Paris, pas à Bordeaux….

J’exige du beau temps pour aujourd’hui, pas de la purée de pois fraîche comme hier. Sinon je démissionne.
Je retourne à Levallois, à cinq-cents mètres de là où je travaillais avant. C’est assez étrange comme sensation : c’est comme si cela faisait d’une autre vie dont j’essaie d’effacer jour après jour l’influence.

Je lis en ce moment, de manière fragmentaire Anabase de Saint-John Perse, dans ses œuvres complètes chez Pléiade, que j’ai acheté sur un coup de tête à cause d’une seule phrase. C’est une poésie mystérieuse, captivante, regorgeant de sucre comme un fruit passé au soleil, mais aussi compliquée, qui ne se satisfait que d’une lecture partielle tous les soirs.

… À la troisième lunaison, ceux qui veillaient aux crêtes des collines replièrent leurs toiles. On fit brûler un corps de femme dans les sables. Et un homme s’avança à l’entrée du Désert — profession de son père : marchand de flacons.

Saint-John Perse, Anabase
In Œuvres complètes,
Gallimard NRF, Pléiade

PICT0176

Photo © Mireille Fillol

No responses yet

#97

Jul 01 2013

Hier a été une belle journée d’été. Ce matin, un beau soleil laiteux laisse penser que ce 1er juillet sera du même tonneau, mais il semblerait que les orages reviennent dès demain.
Journée d’hier studieuse. J’ai remis en ordre et en forme les documents des collègues et les miens, ça commence à prendre forme. Évidemment, personne ne m’a rien envoyé, à part Carole, alors que je leur avais demandé qu’on boucle tout avant le prochain regroupement. Ce n’est pas tellement un problème de leadership parce que je n’ai aucune influence ou position hiérarchique vis à vis d’eux, j’essaie juste de faire en sorte qu’on s’organise bien pour ne pas se retrouver dans l’urgence à la rentrée et que j’ai envie de passer des vacances peinard. Ce n’est pas grave, c’est mon nom qui apparait sur 60% des documents, le moment venu, je réclamerai 60% de la note…

Sun Catcher

Photo © Evan Leeson

No responses yet

#96 #Celui qui voulait apprendre

Jun 30 2013

Cheese seller at Tbilisi Market

Photo © Blazej Mrozinski

Moi, je ne demande rien. Je ne réclame ni admiration, ni renvoi d’ascenseur, ni adulation. Je ne veux qu’une seule chose : diffuser du bonheur. Il m’écrit deux mails en deux jours, deux lettres qui valent tous les bonheurs du monde, qui se satisfont de leur propre sincérité :

Je viens de regarder le documentaire sur la Turquie. Je veux te dire que c’est incroyable, je suis surpris et en même temps content. Je me cultive à chaque fois en regardant ces documentaires.  Je me pose une question, comment tout cela est possible ? J’ai perdu beaucoup de temps en n’ayant pas regardé tout ça avant. C’est magique. L’intelligence des gens qui vivaient avant, leurs œuvres, leurs  méthodes. Je commence à penser que l’être humain trouvera toujours une solution contre un danger. Je te remercie Romuald d’ouvrir à chaque fois mes yeux (tu as vu j’ai inventé une nouvelle expression). Dès que j’ai fini de regarder l’une des vidéos, je pense tout de suite à toi et je te remercie même si tu n’es pas là. Parce que grâce à ton aide je me cultive. Je veux vraiment être cultivé, j’en est marre de ne pas l’être, j’espère je vais y arriver.
Bonne soirée à toi.

Le lendemain :

Merci beaucoup pour tout le temps que tu as pris pour préparer tout cela.  C’est très compréhensible.
J’ai regardé sur YouTube un film sur Napoléon Bonaparte. Il y a 4 épisodes mais je n’en ai regardé qu’un pour l’instant, je viens de le finir. J’ai l’impression que je comprends un peu mieux qu’avant quand je regarde un film documentaire.
Par rapport à la musique arménienne, oui j’aimerais bien écouter. C’est vrai que j’ai commencé à m’intéresser à beaucoup de choses, mais c’est juste qu’il y a des choses qui me plaisent plus que les autres, c’est normal je pense.
Tu sais que petit à petit je commence me sentir plus rassuré.
Bon week-end à toi aussi.
A lundi. Merci encore.

Après ça, je ne comprends pas qu’on ne comprenne pas que j’aime mon métier… En ce qui me concerne, si tout venait à s’arrêter brutalement, je n’aurais aucun regret, aucune rancune, si j’ai pu faire en sorte que tout ceci arrive. Évidemment, ça fait un bien fou à l’égo, mais c’est aussi cela qui donne envie de continuer.

Terminé le livre de Daniel Rondeau et commencé celui de Jonathan Littell, Carnets de Homs. Lecture hachurée, écriture saccadée, un rythme fou qui traduit l’urgence dans laquelle ces mots ont été écrits sur le terrain.

Abu Abdallah : « Alors, tu as vu des salafistes ici, comme dit Bachar ? »
Raed : « Ça dépend. Qu’est-ce que tu entends par salafistes ? »
— « Justement, ce mot veut dire deux choses.  Les musulmans du pays de Cham (Syrie) suivent la voie de la modération. Pour bien vivre, ils suivent l’exemple des ancêtres pieux, d’un homme pieux d’autrefois qui a vécu justement dans l’islam. Ça c’est le sens original de salafiste. L’autre sens, le courant takfiriste, djihadiste, terroriste, c’est une création des Américains et des Israéliens. Ça n’a rien à voir avec nous. »

Jonathan Littell, Carnets de Homs
Gallimard, NRF, 2012

No responses yet

« Newer - Older »