#119

Jul 29 2013

Les histoires et les jours se suivent et ne se ressemblent pas.
J’ai décidé que je ne commencerai pas de nouveau livre d’ici mon départ, ne souhaitant pas plus que ça m’investir dans quelque chose de nouveau.
Pour l’instant, j’ai le nez dans Les mémoires de la Méditerranée de Fernand Braudel, une lecture ensorcelante qui remet toutes les connaissances en perspective avec un don inimitable pour le retour à la raison en construisant une Histoire plurielle. Je vais me contenter tous les matins, comme ce matin, de passer la tête par la fenêtre, de sentir l’air du dehors, l’odeur exhalant de la terre dans une ambiance de naissance du monde, avec des couleurs tristes mais ô combien vivifiantes.

Méditerranée

Photo © Jean-Paul Gaillard

Pour l’instant, je me contente de tout ceci, en évitant soigneusement de retomber dans une nostalgie sombre telle que je pouvais l’exprimer en d’autres lieux, notamment sur Empty Quarter. A chaque époque ses lieux, ses mots, ses traces.
Ce matin, un oiseau crie dans les branchages. Il me semble que c’est un rapace que j’entends souvent au petit matin.
A partir de ce soir, j’ai le nez dans les guides.

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#118

Jul 28 2013

Je ne sais pas si c’est cette chaleur ou le signe des temps qui me fait percevoir ces journées derrière le prisme de jours sur lequel je n’ai aucune prise. Tout se déroule sans que je puisse avoir d’influence sur le cours des événements. Loin de capituler, je me sens entraîné dans une arène dont je ne connais pas les spectateurs et cela m’angoisse parfois. Je pense que le fait que le quotidien ne fonctionne plus sur un mode absolument réglé est en train de me déphaser. Les vacances arrivant, tout le monde lâche prise au travail et moi je perds mes repères ; je deviens un animal rigide, avec ses habitudes, ses modes de fonctionnement très binaires.

Poul Stripo

Poul Stripo, Plougrescant (Plougouskant)
Côtes d’Armor, juillet 2013

Les jours passent vite. Dans moins d’une semaine, je m’envole, je pars enfin vers cette destination que je désire et qui pourtant m’angoisse tout autant que la première fois. Je n’arrive toujours à me résoudre à me laisser porter. Les voyages sont dangereux pour la santé mentale, ils mettent en péril, creusent leur sillon maléfique, mais ils ne sont dans les faits jamais aussi spectaculaires que ce qu’on imagine. Tout se passe généralement bien. Il faut avoir l’âme torturée pour ne rien en tirer et vivre dans l’angoisse. Mais je suis peut-être plus torturé qu’il n’y paraît.

Je viens de terminer le très beau livre de Mathias Enard (je déteste vraiment ce prénom), Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants. C’est réellement un très beau livre, quelque chose de précieux, qui se sert de réalités composées pour en faire une très belle histoire.

Son carnet c’est sa malle.
Le nom des choses leur donne la vie.
11 mai, voile latine, tourmentin, balancine, drisse, déferlage.
12 mai, garcette, cabestan, varangue, coupée, carlingue.
13 mai 1506, étoupe, amadou, briquet, mèche, cire, huile.

Mathias Enard, Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants
Actes Sud, 2010

Moi, j’ai des haut-le-cœur, je me rigidifie à mesure que le temps passe.
Je ne sais pas ce que je vais lire à présent. Est-ce que je me lance dans quelque chose ? Est-ce que je continue ces deux deux pavés que j’ai commencés ? Qu’est-ce que j’emmène à lire en vacances ? Je ne sais pas quoi faire. Le venin me paralyse.

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#117

Jul 27 2013

Je me suis octroyé du repos. Hier après-midi ai sortir de cette matinée poisseuse, j’ai dormi tout mon saoul devant un documentaire dont je n’ai vu que les deux premières minutes, entortillé dans les vapeurs chaudes sur mon canapé, réveillé en eau par plus de 29°C. Et puis cette nuit, je me suis forcé à rester au lit, malgré le réveil violent de cette nuit où il fallu refermer toutes les fenêtres laissées ouvertes pour faire des courants d’air. L’horizon s’est chargé d’un masse sombre qui s’est déversée en trombes sur les environs. Vent violent, éclairs fréquents ; je me rends compte que j’ai de moins en moins peur de l’orage. Je crois que j’ai bien fait de dormir ce matin, je me sens beaucoup mieux.

Rue Stanco

Rue Stanco, Tréguier (Landreger)
Côtes d’Armor, juillet 2013

Je me suis souvent posé la question de savoir pourquoi en breton Tréguier se disait Landreger. J’ai fini par savoir pourquoi. Dreger est une forme parmi d’autres de Trégor, le nom du pays, et Lan, c’est tout simplement, la terre, le fief, comme on retrouve souvent dans les toponymes bretons de ces environs (Lanvollon, Lanvellec, etc.).

Le sourire de Siddhartha ressemblait exactement au sourire calme, délicat, impénétrable, peut-être un peu débonnaire et un peu moqueur, de Gotama ; c’était le sourire des mille petites rides de Bouddha, tel que lui-même l’avait si souvent contemplé avec respect. C’était bien ainsi, Govinda le savait, que souriaient les Etres parfaits.

Hermann Hesse, Siddhartha
Editions Bernard Grasset, 1925
Traduit de l’allemand par Joseph Delage

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