Depuis que je ne suis plus au Louvre, j’ai l’impression de ne plus vraiment suivre l’actualité des expositions. Je viens de découvrir avec stupéfaction que deux belles expos viennent d’ouvrir leurs portes :
1 – L’art du contour : Le dessin dans l’Égypte ancienne
2 – Giotto e compagni
Moi qui ne savait pas quoi faire des jours de congés qui me restait à prendre…

Photo © Saz Kursu Brüksel
Je viens de trouver un documentaire assez étonnant en faisant une recherche sur le saz turc (oui parce que j’ai une idée derrière la tête…) dont on trouve près de Paris des joueurs passionnés. C’est un documentaire sur une langue sifflée turque parlée dans le nord, un phénomène étrange donc j’avais entendu parler il y quelques années concernant les populations nomades ou à caractère pastoral.
J’ai dormi une partie de l’après-midi et je n’ai rien fait. Mais alors, rien…
J’ai terminé vendredi matin le petit livre d’Annemarie Schwarzenbach, commencé il y a deux jours. C’est un livre doux, puissant, d’une poésie rare et suave, ce n’est pas qu’un livre de voyage. Étonnamment, elle y parle très peu de sa compagne de route, Ella Maillart.
J’ai trouvé sous mon bureau La trilogie des confins de Cormac McCarthy ; je pense que je vais me garder ça pour cet été. Bon, c’est quand même un gros livre, je ne sais pas si ça ira dans mon sac… un peu lourd.

Annemarie Schwarzenbach
par Marianne Breslauer
Hier matin, je suis allé au marché d’Ermont et je me suis fait plaisir ; de la bonne terrine maison chez le charcutier, du parmentier de canard chez le volailler et le plein de bons fromages : une Epoisse à point, de l’Etivaz bien salé, du Comté affiné 18 mois, de la Tomme d’Auvergne… J’ai aussi trouvé de la tapenade et un superbe tarama au saumon et à l’aneth.
Mon genou va beaucoup mieux. Les deux à vrai dire. Ma première séance chez la kiné a fait des merveilles et hier a été la première journée depuis plusieurs semaines où j’ai pu marcher normalement, sans boiter, sans avoir l’impression que mon genou partait tout seul en avant ; en bref, avoir le plein usage de ses jambes. Je commence à réenvisager la Turquie d’une manière un peu plus sereine.

Shah-i Mashhad
Le printemps est bel et bien là, même si les températures jouent au yoyo. Je regardais dimanche les branches décharnées d’un petit érable planté contre le muret, peut-être un negundo ou un flamingo, ses bourgeons peinaient à sortir ; en cette seule journée de dimanche, et depuis ce jour, les frêles bouquets de feuilles ont poussé de presque trois ou quatre centimètres ; une extraordinaire poussée qui a dû lui demander des efforts surnaturels…
Hier, j’ai pris le temps de préparer une séquence qui m’a permis de faire un peu de magie avec les stagiaires qui m’ont dit “oui, ben ça va être facile tout ça…” et une heure après ils étaient toujours en train de travailler dessus, deux se sont complètement trompés et ont dû tout recommencer. Le truc facile s’est transformé en véritable enfer pour eux et ils sont ressortis de là en sachant utiliser des outils qu’ils croyaient connaître. Pari gagné. J’aime quand la magie prend, j’aime faire des tours de passe-passe avec eux, faire en sorte que les connaissances soient transmises, non pas dans la douleur, mais dans un rite dont la pratique s’assimile à celle du chamane ; mise en condition, connivence, introspection, transe, délivrance… C’est au formateur de trouver le bon canal, la bonne transe, le bon rythme de tambourin pour que tout se mette en place sans douleur…
Avant de partir, j’aimerais avoir le temps de lire ce petit livre sur le Mont Athos, cet étrange lieu interdit à toute créature femelle en général et aux femmes en particulier. La République Monastique du Mont Athos.
J’ai lu plus de livre en quatre mois que l’année dernière en un an. Et en ce moment, je lis plus de livres que je n’en achète, ce qui est un inversement de tendance non négligeable…
Par une large porte à ogive, je suis entré dans la médina. Elle s’endormait. Volets bleus persans tirés sur de petites boutiques, échoppe d’argentier entouré d’un crépi vert amande, ce génie ingénu des couleurs si fort dans tout l’islam. Fumées du marchand de brochettes, flaques encore tièdes du dernier baigneur au hammam. Pas, odeurs de menthe, dernière flûte. Entré dans le dernier café ouvert.
Nicolas Bouvier, Il faudra repartir
Afrique du nord, automne 1958
Éditions Payot